Histoire

Les premières vignes

( Texte Stéphane Mauné CNRS )

Dans la région de Pézenas, la viticulture est attestée dès le début du Second âge du fer et trouve son origine probable à Agde, comptoir commercial puis colonie fondée par les Grecs de Marseille. Un auteur latin du Ier s., Justin, rapporte que ce sont les Massaliètes qui ont appris aux populations du sud de la Gaule à tailler la vigne et l’olivier. 

L’oppidum de Saint-Siméon (Pézenas) a livré de nombreux fragments de grandes jarres en terre cuite du Ve s. av. J.-C. dont l’une portait un décor en relief figurant une grappe de raisin. À Aspiran, à quelques km au nord de Pézenas, la ferme de Gissos comportait un petit chai vinicole constitué de quelques jarres (dolia). Ces vestiges attestent de la diffusion de la viticulture dans la vallée de l’Hérault au IIe s. av. J.-C., avant la conquête romaine. 

Intégrée dans le territoire de la grande colonie romaine de Béziers dont le vin était, avec celui de Marseille, le plus réputé de la province de Gaule Narbonnaise, la région de Pézenas a connu dès le début du Ier s. ap. J.-C. un fulgurant développement vinicole. 

Dans la vallée de la Peyne, entre Roujan et Pézenas, on connait par exemple plus d’une cinquantaine d’établissements ruraux et de villae qui ont livré de très nombreux fragments de dolia dans lesquels était stocké et élevé le vin. Ces grandes jarres pouvant atteindre une contenance de 20 hl étaient produites à Aspiran, Caux et Neffiès. 

À Paulhan (Vareilles) et à Aspiran (Saint-Bézard) ont été fouillées les plus grandes villae vinicoles connues dans le monde romain. Avec des capacités respectives de 8000 et 4500 hl, elles alimentaient en vin, avec l’ensemble des établissements vinicoles occupant plaines et coteaux, les villes et campagnes de tout l’Occident romain. Le précieux breuvage, blanc ou rouge, était commercialisé dans des amphores, produites dans une douzaine d’ateliers de potiers (à Aspiran, Paulhan, Neffiès, Fontès, Caux). 

Une fois remplies, elles étaient chargées sur l’Hérault jusqu’au port fluvio-lagunaire d’Agde ou bien empruntaient la grande voie terrestre reliant Cessero (Saint-Thibéry) à Condatomagos (Millau) et Segodunum (Rodez). Cet âge d’or de la viticulture antique a duré jusqu’au milieu du IIIe s. puis s’est estompé progressivement, d’abord en raison de la concurrence des vignobles de l’Afrique du Nord et des Trois-Gaules, puis à partir du Ve s. à cause de l’instabilité économique et démographique annonçant le haut Moyen-âge.

L’importance des foires

Suite au déclin de l’Empire Romain, les techniques de viticulture sont préservées par les ordres monastiques qui s’implantent dès le milieu du IVème  siècle.
En 1262, avec l’acquisition par Louis IX de la seigneurie de Pézenas, la juridiction de Pézenas embrasse bientôt une vaste contrée. Elle devient ville suzeraine de 32 bourgs ou villages et se voit accorder le privilège d’organiser des foires générales.

Ces foires, dont la plus ancienne a été créée vers le milieu du XIIIème siècle, sont incontournables aux XVIème et XVIIème et deviennent au XVIIIème un « bon baromètre de l’industrie languedocienne ».

Pézenas aujourd’hui

La ville de Pézenas conserve de son riche passé historique une architecture remarquable. Depuis 27 siècles, Pézenas et ses alentours ont vécu avec la vigne, celle-ci occupant une place plus ou moins importante selon les époques.

Photo S. Mauné CNRS © Chai occidental de la villa de Saint-Bézard

L’Auribelle Basse

Le site de l’Auribelle-Basse à Pézenas a fait l’objet de fouilles programmées du CNRS (2000-2004) qui ont révélé la présence de constructions d’époque romaine datées entre 30 av. et 250 ap. J.-C., appartenant à un sanctuaire et destinées à l’accueil des pèlerins. Sur place, ceux-ci pouvaient trouver toutes les commodités nécessaires à leur séjour : échoppes artisanales (production d’objets en fer, en os, draps de laine, lampes à huile) et de service (thermes, auberge et débit de boisson, boulangerie). 

En 2015, la fouille d’un puits profond de 21 m a permis la découverte de milliers de pépins de raisin et de nombreux fragments de dolia qui attestent la production de vin sur place. Il est donc très probable que le sanctuaire possédait des vignes dont il pouvait tirer des revenus financiers. L’identification en cours de ces « écofacts » datés entre les années 170 et 250 ap. J.-C., au laboratoire ISEM-CNRS Montpellier, va permettre de déterminer quels étaient les cépages cultivés ici il y a plus de 18 siècles.   

Le XVIIIème siècle

C’est durant cette époque que se mettent en place les grands domaines viticoles qui deviendront les caves particulières d’aujourd’hui. Celles-ci se sont implantées sur d’anciennes fermes et métairies des XVIIème et XVIIIème siècles : les châteaux de Nizas (seigneurie de la viguerie de Béziers en 1529), Sainte-Marthe (Roujan), Belles Eaux (Caux), Montpezat (Pézenas). La Grange des Prés, située entre Caux et Pézenas, est un ancien château bâti par le connétable Henri de Montmorency, gouverneur du Languedoc. Il s’agissait d’une énorme manufacture de draps au XVIIIème siècle qui devint une ferme au XIXème siècle. La plupart des ces grandes maisons sont mentionnées sur la carte Cassini. Elles sont, en outre, décorées avec du plâtre issu du gypse des proches carrières : les thèmes sont variés mais celui du jardinage et des travaux des champs se retrouve souvent notamment dans l’hôtel de Landes et le Jardin de Grasset à Pézenas.

XIXème Siècle et révolution industrielle

Au début du XIXème siècle, avec la révolution industrielle, on assiste à un développement spectaculaire de la monoculture de la vigne. Dans le canton de Pézenas, la surface cultivable occupée par les vignes atteint 77%. Avec le développement de la production, le commerce du vin prend de l’ampleur grâce au chemin de fer. A la fin du XIXème siècle, la viticulture constituait la principale richesse de la région. On comptait 18 grandes propriétés viticoles, 4 négociants en tartre et lies, 7 tonneliers et foudriers, 2 distillateurs et 3 producteurs de plants.

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